À la lecture de cette question, les premières réponses qui viennent à l’esprit sont souvent : « une équipe qui atteint ses objectifs », « une équipe qui s’adapte aux changements », « une équipe capable de résoudre ses problèmes, ses conflits », etc. Une équipe performante recouvre certainement tous ces aspects à la fois.

Mais quels sont les ingrédients qui permettent d’en arriver là ?

La complémentarité des membres d’une équipe quant à leurs compétences, leur façon de fonctionner et de se répartir les rôles, peut contribuer à la performance mais n’est parfois pas suffisante ; des capacités supplémentaires permettent à une équipe de devenir performante/contribuent au développement de la performance de l’équipe.

Développer la capacité d’ouverture de l’équipe

Will Schutz, qui a développé le concept de l’Élément humain, considère que « les problèmes proviennent d’une adhésion rigide aux positions, et non pas de différences d’opinion ou de styles cognitifs et de personnalité » [1].

Une rigidité apparaît lorsque la représentation qu’une personne se fait d’elle-même est menacée. Dès lors, sa peur va influencer ses comportements et l’appartenance à un groupe peut aggraver ou diminuer cette peur (V. Lenhardt [2]).

Pour sortir des positions rigides, il faut donc pouvoir renoncer un temps à ses masques et ses défenses, reconnaître cette vulnérabilité en eux pour exprimer ce qui se cache derrière ces rigidités ; et d’après W. Schutz, la capacité d’une équipe à parler de ses peurs et de ses besoins, lui permet d’accéder à la performance. Dans le modèle qu’il a élaboré, c’est ce qu’il nomme « l’ouverture ».

Évidemment, l’ouverture ne se décrète pas, ne s’impose pas et ne peut se faire du jour au lendemain : elle nécessite de respecter des étapes spécifiques et progressives pour conduire l’équipe vers cette capacité d’ouverture ; le rythme, la volonté et le niveau d’ouverture de chacun étant différent d’une personne à une autre.

Attention toutefois à ne pas en faire une finalité : il n’y a pas lieu d’être constamment dans l’ouverture. Une équipe qui parlerait sans cesse de ses peurs et de ses besoins serait contreproductive. L’ouverture aide avant tout à débloquer une situation problématique au sein de l’équipe, surtout lorsqu’il y a une charge émotionnelle associée.

Développer une vision partagée des finalités du projet

Les finalités d’un projet sont la raison d’être, les buts, les intentions profondes. C’est ce qui va donner du sens au projet en créant un lien entre l’action individuelle et collective.

Partager ses représentations autour des finalités du projet permet non seulement de vérifier si tout le monde en a la même perception mais aussi de donner une signification profonde et une direction commune à l’issue de ces échanges.

Se centrer sur les finalités permet ainsi « d’éclaircir ce qui est important dans le contexte en regard des buts poursuivis et de mieux discerner les actions qui contribuent à ces buts » (D. Génelot [3]). En plus de donner du sens à l’action, un accord sur les finalités permet donc de veiller à ce que la vision nourrisse l’action et que les actions intègrent la vision.

Pour Vincent Lenhardt [4], une équipe performante se caractérise par l’identification de chacun (et de l’équipe elle-même) à cette vision partagée et de leur capacité à réajuster continuellement leurs rôles respectifs, de même que celui de l’équipe, par rapport à cette vision. Chacun est porteur du sens du projet et comprend ainsi l’impact de son action.

Cette mise en connexion de l’action individuelle à la vision partagée donne ainsi forme à l’intelligence collective de l’équipe en insufflant de la flexibilité et de la cohérence à la stratégie d’action.

Conclusion

Finalement, une équipe performante est celle qui dispose d’une souplesse relationnelle suffisante pour s’ajuster et créer une vision commune qui lui permettra de mener à bien ses projets.

Il existe différentes manières de le faire au-delà des propositions de cet article. L’essentiel est que l’approche permette à chacun de grandir au sein et grâce à l’équipe, et que l’entreprise puisse en recueillir les fruits.

Magali Genieys – © 2022 Enata

Pour aller plus loin : [1] « L’Élément humain » de Will Schutz, éditions InterÉditions ; [2] « Oser la confiance » de Vincent Lenhardt, éditions Insep Consulting ; [3] « Manager dans (et avec) la complexité » de Dominique Genelot, éditions Eyrolles ; [4] « L’intelligence collective en action » de Vincent Lenhardt, éditions Pearson)